Beaucoup d'entre nous on lu que nos gouvernements politiques de l'époque, et aussi certains chefs militaires, avaient sans scrupule à la suite du 19 Mars et avec un cynisme inqualifiable, délibérément laissé les harkis sur le sol algérien, les abandonnant ainsi à ce triste sort qu'on leur a connu, à l'exception de ceux qui ont été rapatriés en France grâce à des officiers courageux.
Qu'en est-il exactement ? En consultant l'histoire de l'Algérie sur Internet, je lis que les choses ne sont pas expliquées de cette manière et on apprend, par exemple, que le 3 mai 1962 le générale Ailleret, puis le 8 mai 1962, M. Messmer, alors ministre des Armées, soit 11 jours avant le cessez-le-feu, avaient chacun, selon ses responsabilités, adressé à tous les chefs d'Unités une note pour qu'ils demandent aux harkis de choisir entre deux propositions : la première, être rapatriés en France en prenant un engagement dans l'Armée pour 6 mois ou accepter un contrat civil (la seule contrainte était d'être célibataire). La deuxième, être libéré sur le sol algérien avec l'attribution d'une prime.
Le résultat de ces deux propositions fut que 80% des harkis préférèrent percevoir cette prime et rester en Algérie plutôt que de venir en Métropole, sur un territoire qu'ils ne connaissaient pas.
On apprend aussi que les Services du Rapatriement débordés par les demandes, certains chefs d'Unités, pour des considérations d'encombrement de ce circuit officiel, passèrent outre en prenant sous leur responsabilité l'initiative de régler le problème eux mêmes.
M. Joxe, alors ministre de l'intérieur, ne tolérant pas cette filière parallèle,adressa un rappel à l'ordre aux personnes concernées et prit des mesures strictes pour faire stopper cette manière illégale de procéder.
On entend aussi <<On les a désarmés !>>. Mais tout le monde a été désarmé, les militaires ont été consignés dans leur caserne et pourquoi aurait-il fallu laisser quiconque en possession de son arme après le cessez-le-feu et crapahuter dans la nature ? C'était fini. Le drame qui s'est joué par la suite est qu'une fois l'indépendance acquise, le FLN ne tenant pas compte des Droits de l'Homme qu'il s'était engagé à respecter, condamnèrent les harkis comme traîtres à l'Algérie (des collabos, je cite M. Bouteflika) et les exécutèrent..
Apparemment, tous ne subirent pas ce châtiment suprême puisqu'on apprend qu'en 1965 le gouvernement français de l'époque en fit sortir de prison pour les rapatrier en France (combien étaient-ils ? Le nombre n'est pas précisé).
On n'oubliera pas non plus dans ce drame, le massacre des pieds-noirs. Il y a ceux qui disent que l'on a rien fait pour éviter ce drame et que nous aurions dû intervenir. Certes, on peut toujours dire ça, mais pouvait-on faire quelque chose et quoi, dès lors que l'Algérie était devenue une Nation indépendante et souveraine sur son territoire ? Il était donc bien difficile de s'interposer et nous n'avions alors aucun pouvoir d'ingérence dans ces réglements de comptes algéro-algériens.
Comment aurait-il fallu faire et de quel droit ? Devons-nous faire aujourd'hui, acte de repentance dans tout cela ? Pour ma part, je me garderais bien de donner un avis sur ces drames, je laisse à chaque lecteur le soin d'apprécier en son âme et conscience l'Histoire dans la manière dont elle est dite ou écrite, à lui d'en faire son jugement.
Mais pour en finir et pour faire diversion avec ces événements, cela ne vous rappelle-t-il pas l'après Seconde Guerre mondiale à la libération, sur notre territoire; les condamnations de ceux qui avaient aidé l'Allemagne nazie : les collabos, les Français engagés dans l'armée allemande la LVF, la division SS Charlemagne, la milice de Darman. Certains de ces individus ont été fusillés, d'autres emprisonnés ou tout simplement liquidés par les maquisarts au coin d'un bois, liquidations expresses. Etant enfant à cette époque je fus le témoin de l'une d'entre elles. Ma conclusion sera : le processus de décolonisation était inévitable et engagé, la France subissait les pressions internationales, tôt ou tard il nous fallait quitter l'Algérie
Rolant Maltret
78120 Rambouillet