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10 août 2019 6 10 /08 /août /2019 23:07
« Ne  me  retirez  pas  mon  permis »
« Ne  me  retirez  pas  mon  permis »
« Ne  me  retirez  pas  mon  permis »

À presque 95 ans Yvonne Abgrall, conduit toujours la même voiture : une Peugeot 203 de 1954. Et lorsqu'on lui demande si elle trouverait normal de passer un examen médical pour vérifier ses capacités de conduite, elle ne cache pas son inquiétude. Son permis obtenu, en 1952, c'est sa liberté. La vie sans lui, elle ne l'imagine pas.
Habitante de Norolles, un petit village du Calvados, entre Lisieux et Pont-l'Ávêque, au cœur du pays d'Auge, Yvonne Abgrall, charmante nonagénaire, a toujours bon pied bon œil. « j'utilise ma voiture pour aller faire les courses, toutes les deux ou trois semaines, et aussi pour quelques sorties avec des amis. Ma voiture m'est indispensable, je serais malheureuse sans elle », dit-elle.  Ni accidents ni accrochages A (presque) chaque sortie, Yvonne Abgrall, s'amuse des rencontres sur la route : «À chaque fois que je sors, je suis arrêtée par la gendarmerie. On me demande mes papiers et puis c'est le questionnaire. Ça doit satisfaire la curiosité des gendarmes. Il y en a toujours un pour demander à son collègue s'il a déjà vu ça, en parlant de mon permis de conduire. C'est comique ! La voiture attire autant que mon permis. Tous les papiers sont en règle. Elle passe les contrôles techniques sans souci ». Si Yvonne Abgrall s'amuse des réactions lorsqu'on la croise au volant, elle s'inquiète lorsqu'on évoque l'idée de rendre un éventuel examen médical obligatoire pour les conducteurs seniors. « Ne m'en parlez pas ! Vous me faites des frayeurs. Mais si c'est décidé en haut, on ne peut rien. Je conduis moyennement bien, mais je n'ai jamais eu d'accidents ni même d'accrochages depuis que j'ai eu mon permis, en 1952. Et du premier coup ! ajoute-t-elle fièrement. »  «Avec mon frère, qui était un peu handicapé, nous tenions la ferme, et il fallait que je puisse aussi me déplacer si il y avait un problème, alors j'ai appris à conduire sur une Peugeot 302. Et croyez-moi, la conduite était totalement différente à l'époque par rapport à aujourd'hui…», ajoute-t-elle. Yvonne Abgrall sait qu'avec l'âge, ses capacités sont amoindries - audition et vue en baisse, reflexes plus lents - mais dit compenser par plus d'attention. « Je roule prudemment et je suis très attentive à la circulation. Je comprends que certaines personnes âgées puissent être dangereuses, les accidents peuvent aussi être dus à des malaises. Chacun doit savoir s'il est encore apte à conduire ou pas. Moi, je le suis en tout cas !» « Dans ma 203, je suis en sécurité ». Craint-elle l'accident ? « Oui, comme tout conducteur, assure-t-elle. Mais il ne faut pas qu'y penser. Et puis, dans ma 203, je suis en sécurité : là-dedans, ce n'est pas du plastique ! » Alors, quant à chaque accident grave mettant en cause un senior au volant, la question est à nouveau soulevée d'imposer une visite médicale aux plus de 70 ans pour maintenir effectif leur permis de conduire, Yvonne Abgrall soupire en levant les yeux au ciel. Redoutant qu'un jour on lui annonce qu'elle ne pourrait prendre le volant de sa fidèle 203. Seule dans sa maison, dans un bourg sans commerce, situé à une dizaine de kilomètres de Lisieux, la ville la plus proche, lui retirer son permis de conduire serait comme la priver d'une autonomie et l'enfermer à la maison.

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9 août 2019 5 09 /08 /août /2019 18:32
Juliobona,  la  cité  antique
Juliobona,  la  cité  antique

Lillebonne  En Normandie, sur le territoire Caux vallée de Seine, la ville de Lillebonne abrite les vestiges visibles et invisibles d'une des cités antiques les plus importantes au nord de la Loire : Juliobona.
Le site a été choisi au 1er siècle de notre ère par les Romains, sous l'impulsion de l'empereur Auguste, pour y implanter la capitale de la cité des Calètes (territoire correspondant à l'actuel pays de Caux). Située à la croisée des voies terrestres et maritimes, porte d'entrée de l'estuaire de la Seine, reliée à la chaussée Jules César reliant Lutetia (Paris) à Caracotinum (Harfleur), Juliobona était un carrefour commercial. Son port lui offrait une ouverture tant sur le monde méditerranéen que sur la province Britannia, actuelle Grande-Bretagne, et les territoires voisins. De nombreuses traces de ce riche passé structurent la ville de Lillebonne : thermes de la rue des bains, thermes d'Alincourt, nécropoles, domus de Saint Denis, aqueduc… dont l'un des plus remarquables est le théâtre romain. La région de Lillebonne est également riche de vestiges tels que la villa de la mosaïque en forêt Brotonne, la villa Le Sage en forêt de Maulévrier-Sainte-Gertrude, l'oppidum de Caudebec-en-Caux, le port antique d'Aizier, point de rupture de charge… De nombreuses collections issues des fouilles menées en Caux vallée de Seine dès le XVIIIe siècle sont présentées au sein du musée Juliobona à Lillebonne mais également au musée des antiquités à Rouen et au musée du Louvre à Paris, notamment l'Apollon en bronze doré découvert à Lillebonne, pièce d'une valeur inestimable. Aujourd'hui, ce patrimoine archéologique n'est pas mis en avant à sa juste valeur, il est par conséquent méconnu du public alors qu'il revêt un fort potentiel culturel et touristique pour le territoire Caux vallée de Seine et la Normandie plus largement.

L'Apollon de Lillebonne est un magnifique ambassadeur pour les millions de touristes qui viennent à Paris. Le Louvre n'est pas qu'un musée parisien, mais national. Quand l'Apollon a été trouvé à Lillebonne en 1823 il n'y avait pas de musée dans ce territoire. Le Louvre a joué ce rôle de conservatoire pour les Français et pour le monde. Apollon, considéré comme une divinité salutaire, tenait une lyre dans la main gauche, selon un schéma particulièrement prisé dans la Gaule du Nord.

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8 août 2019 4 08 /08 /août /2019 09:29
C'était   Monsieur  Horlaville
C'était   Monsieur  Horlaville
C'était   Monsieur  Horlaville

Daniel Horlaville est décédé en 2019, l'attaquant emblématique de l'US Quevilly et du FC Rouen, laissera une trace indélébile dans le monde du football. Il aurait dû faire une carrière beaucoup plus somptueuse que celle qu'il a eue. Il aurait dû connaître plus qu'une sélection avec l'équipe de France A. Daniel Horlaville s'est éteint à l'âge de 73 ans. En toute discrétion, avec pudeur. Comme il a toujours été. Sur un terrain ou en dehors. Homme de peu de clubs, il a éclos sous le maillot de l'US Quevilly chez les amateurs avant de côtoyer le monde professionnel sous celui du Paris Saint-Germain devenu Paris FC et du FC Rouen. Il restera également comme le seul joueur amateur français de l'après-guerre sélectionné en équipe de France A le 30 avril 1969. Une performance à la hauteur d'un talent incommensurable. Natif de Oissel, formé au Club Athlétique de Oissel, Daniel Horlaville a rejoint l'US Quevilly en 1963. Il y aura connu ses plus grandes émotions sportives entre le titre de champion de France amateur en 1967 et la demi-finale de la coupe de France face à Bordeaux en 1968. « Daniel était un joueur d'une classe rare. Il faisait tout bien. Il connaissait le football de A à Z. Et quand il voulait faire la différence, il la faisait sans problème. Avec sa sélection en équipe de France A et pour les JO de Mexico, il a récupéré ce qu'il a semé », explique Michel Parmentier qui fut son coéquipier à l'USQ et lors des jeux Olympiques de 1968 au Mexique. Son passage en équipe de France A mettra la lumière sur son talent. Le PSG l'enrôle en 1970. Apres quatre saisons passées au Paris Saint-Germain devenu le Paris FC en 1972, Daniel Horlaville rejoint le FC Rouen en 1974. Il y jouera durant quatre saisons.

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7 août 2019 3 07 /08 /août /2019 13:47
Pilote  de  Seine
Pilote  de  Seine
Pilote  de  Seine

En France, le pilotage est un service public géré par les pilotes, un syndicat professionnel où chaque membre est recruté par concours et devient copropriétaire du matériel, des locaux terrestres aux vedettes rapides… Parmi les 30 stations de pilotage, celle de « Rouen-Caen-Dieppe » a effectué 11 000 opérations en 2018, en assistant les commandands de navires. « À vous le soin », selon la formule consacrée de la Marine, l'équipage d'un bateau accueille le pilote qui vient de grimper le long de la coque et arrive dans la passerelle. Catherine Cornu précise : « Le premier contact est essentiel, il faut rassurer le commandant que nos connaissances nous permettent de donner au barreur les conseils pour emmener son navire sans encombre, en anticipant les trajectoires ». Elle se souvient de son premier pilotage, « un grand navire de 200 m », une nuit brumeuse où le commandant lui demande : « Vous faisiez quoi avant ? » Elle lui explique comme tout pilote, elle a une expérience de plus de 72 mois dans la navigation au long cours. Malgré tous les apports technologiques, les relations humaines restent essentielles dans le métier de pilote. Catherine Cornu en apprécie la diversité : « Il suppose une grande ouverture d'esprit, de la curiosité scientifique, de la rigueur juridique, le goût des autres et la valeur des gens de la mer ».

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2 août 2019 5 02 /08 /août /2019 14:40
Tout faire avec des palettes
Tout faire avec des palettes
Tout faire avec des palettes

Eslettes. L'association MF Palettes, dirigée par Fabrice Marné, crée des meubles d'intérieur ou d'extérieur pour particuliers ou professionnels à partir de matériaux voués à la destruction. L'association MF Palettes a vu le jour à Eslettes, il y a un an, en juin 2018. Sept personnes amoureuses du bois et du bricolage, se sont lancées dans la récupération des matériaux qui ne sont plus recyclés, comme les palettes, les cerclages en bois certaines chutes, les encadrements de tuyau PVC et les tourets électriques pour créer des pièces de mobilier. « Redonner de l'utilité au bois c'est magique ». « En récupérant ces morceaux de bois, comme les palettes vouées à la destruction, l'association s'inscrit dans une démarche écoresponsable, explique le président Fabrice Marné. Redonner de la noblesse et de l'utilité au bois des palettes usagées en le transformant, c'est magique. Nous créons en permanence, selon les besoins du client, des éléments sur-mesure. Et ce bois est un matériau idéal pour réaliser des décorations d'intérieur et d'extérieur, comme des tables, des chaises, des bancs, des jardinières, des éléments de décoration ». Ce loisir passion se veut avant tout une démarche écologique, pratique, à visée artistique et sociale. « Durant notre temps libre, nous nous rendons dans certaines entreprises qui veulent se débarrasser de ses bois. Nous ôtons vis et agrafes afin de mettre à nu les planches. A force de sciage ponçage assemblage, collage et vissage, nous réalisons du mobilier adapté aux intérieurs comme aux extérieurs. Avec les petites chutes de bois, nous faisons des allume-feux. Le bouche-à-oreille fait le reste et nos créateurs sont à l'écoute des gens. Ils proposent même de conseiller sur leur savoir-faire ». L'association a déjà réalisé du mobilier et des éléments de décoration pour des commerçants et des particuliers. « Nous proposons ces éléments à la vente et en contrepartie nous investissons dans du matériel, scies électriques est ses lames, ponceuses, agrafes, colles… afin de poursuivre, notre loisir passion ».

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30 juillet 2019 2 30 /07 /juillet /2019 14:41
Spoliation   Remords
Spoliation   Remords

Spoliation : le fils d'un soldat allemand a décidé de remettre à l'ambassade de France à Berlin une toile volée pendant la guerre. 
Lors d'une permission en Allemagne, le soldat Alfred Former est chargé par un de ses supérieurs de ramener sous le manteau un tableau du peintre Nicolas Rousseau volé quelque part en Normandie. À Berlin, il découvre que la maison de son officier a disparu sous les bombes. Il décide de garder la toile.
Près de soixante-quinze ans après la libération, le fils d'Alfred Former, Peter, décide de restituer à l'ambassade de France à Berlin ce tableau avec l'espoir qu'il revienne à ses propriétaires légitimes.
Les archives militaires allemandes indiquent que le soldat Former a été basé pendant la Seconde Guerre mondiale à Fécamp. C'est en Normandie que le tableau de Nicolas Rousseau aurait été certainement dérobé.
Le tableau à l'huile, peint au XIXe siècle, montre,  avec détails et réalisme, un petit cours d'eau bordé d'arbres sous un ciel nuageux. L'œuvre signée Nicolas Rousseau, un représentant mineur de l'école paysagiste de Barbizon, ornait le modeste appartement de Peter Forner dans un quartier paisible de Berlin. « Je savais que cette toile ne m'appartenait pas». Elle a été rapportée lors d'une permission par son père Alfred, stationné dans le nord-ouest de la France dans une unité de génie de l'aviation. « Mon père a pris ce tableau à la demande de son supérieur militaire et devait le ramener à Berlin. Le vol d'œuvres d'art était interdit en principe, seuls les hauts responsables pouvaient se le permettre. En arrivant à Berlin, mon père a constaté que la maison de l'épouse de ce supérieur avait été détruite par un bombardement. Il a essayé de retrouvé la trace de cette famille mais sans succès. C'est pourquoi cette image est restée chez nous ». Soixante-quinze ans après le vol, Peter Former a décidé de rendre la toile officiellement à la France, dans l'espoir de retrouver les descendants des véritables propriétaires. La scène de nature a suivi Peter Former tout an long de sa vie, « exposée en bonne place », au fil des déménagements. Il entretient avec elle un rapport ambivalent. « Je n'ai jamais développé d'attache car je savais que cette toile m'appartenait pas ». Au soir de sa vie, la peinture était devenu « un fardeau émotionnel » pour Peter Former,
« Plus on vieillit, plus on a tendance à vouloir mettre de l'ordre dans sa vie ».

L'école paysagiste de Barbizon apparue au XIXe siècle. Théodore Rousseau s'installe dans les années 1830 à Barbizon avec l'objectif de peindre la nature sur le vif, telle qu'elle est, dont l'ambiance est donnée par la lumière et le climat et non plus par l'atmosphère intérieure et fantastique que les peintres romantiques mettaient en scène dans leurs tableaux. Ce rapprochement à la nature est une réaction du peintre face au développement de l'industrialisation de son époque. Il est rejoint à Barbizon par les peintres comme Charles-François d'Aubigny, Constant Troyon, Narcisse Diaz de le Pena, Jules Dupré, Jean-François Millet… L'inspiration du groupe de Barbizon provient de la peinture de paysage anglaise, réinventée au début du XIXe siècle par Turner et Constable. L'abandon de l'idéalisation que la tradition picturale préconisait jusqu'alors au profit de la sensation face à la réalité d'une nature à la lumière changeante, a permis à Rousseau et à ses compagnons d'apporter à la peinture Française une conception nouvelle qui influencera bientôt en profondeur le futur groupe des impressionnistes à partir des années 1870. Nicolas Rousseau ne fait pas partie des artistes majeurs de cette école de Barbizon. Il existe peu de littérature sur ce peintre dont la production d'œuvres se situe entre 1860 et 1870. (source : Histoire de l'art)

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25 juillet 2019 4 25 /07 /juillet /2019 09:28
A qui cette sépulture ?

Mais quelle est donc cette sépulture située à proximité du parking du groupe scolaire de Yerville et à l'intersection des routes départementales ? Beaucoup de conducteurs ont déjà dû se poser la question en passant à proximité. Il s'agit de la sépulture de la famille Delahaye dont la commune doit assurer l'entretien. Petit rappel historique sur cette famille qui a fait fortune, s'est investie pour la commune de Yerville et a fait un important leg. C'est aussi en leur mémoire que la place de la mairie s'appelle la place Delahaye baptisée le centre social l'Espace Delahaye. Les Delahaye étaient quatre frères : Pierre, Juste, Jean-Baptiste et Adrien. «Ils sont tous nés à Yerville et ils ont fait fortune avec la société Delahaye Frères qu'ils fondèrent en 1838. L'activité était la fabrication, la vente et le commerce de toiles dites rouenneries, évoque Yves Montier, l'historien local qui a effectué les recherches. Après le décès de Pierre en 1855, les autres frères s'impliquèrent dans la vie locale. Principalement Juste et Jean-Baptiste, qui furent conseillers municipaux et qui participèrent activement à l'aménagement de la nouvelle église en faisant entre autre réaliser les vitraux». Juste, dans son testament du 12 juin 1875, a dit «Je donne et lègue à la commune D'Yerville la somme de 400 000 francs et les biens que je possède dans cette commune». Parmi les biens, figure la mairie que les frères avaient fait construire en 1872 sur leurs fonds propres. Dans la sépulture qu'ils firent construire sur leur terrain, trois des frères Delahaye sont mentionnés sur des plaques commémoratives : Adrien décédé en 1874, Juste décédé en 1880 et Jean-Baptiste décédé en 1881. Cinq vitraux, malheureusement très endommagés, représentant un Christ en Croix, Saint Jean Baptiste, Saint Adrien et peut-être Saint Pierre, éclairent cette sépulture que la commune de Yerville entretient régulièrement. Cette année, la peinture de la porte et la protection des vitraux viennent d'être réalisés.

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20 juillet 2019 6 20 /07 /juillet /2019 14:26
Camp de Sainte-Marthe : le début du cauchemar des anciens d'AFN

Camp de Sainte-Marthe Dépôts des isolés métropolitains : Nous rendons hommage à tous ces «visiteurs d'un soir» passés dans cette «antichambre», prélude à leur embarquement manu-militari sur un rafiau, promis à la casse, car trop dangereux au transport des moutons mais réarmé à la hâte afin d'accueillir les promus à une traversée au fond d'une cale aux effluves capiteuses inoubliables. 
Destination : troublante et troublée, Algérie. Camp de Sainte-Marthe ; en 1749, le domaine de la Pioche produit un vin renommé avant d'être transformé en domaine agricole prospère. Sainte-Marthe, patronne de Tarascon, s'arrêtant près d'une «source miraculeuse» lui donne son nom. En 1915, par acte de réquisition, le camp est crée. Sont implantées les premières baraques pour les troupes à destination du front nord-est et d'orient. En 1922, s'installent une Compagnie d'un Bataillon Colonial et une Compagnie d'un Bataillon de Sénégalais. Ils y attendent le retour vers leur pays d'origine. Après le départ de ces «coloniaux», s'installe le Dépôt des isolés Métropolitains (DIM). A la gare Saint-Charles, un GMC a pris livraison d'un contingent en partance pour l'Algérie. Accroché aux ridelles du vieux bahut, chacun laisse vagabonder ses pensées. Brusquement, le bahut stoppe. Il déverse sa cargaison humaine. Perdus dans leur rêverie, ils ont franchi le porche de cet immense camp de transit. Dans ce flot humain, toutes les armes sont représentées : Biffins, Tringlots, «Chasse-bites», Paras, Tirailleurs, Marsouins. Tous exacts au rendez-vous, tous logés à la même enseigne. Ce vaste parking à soldats est effectivement un dépôt. Isolés, ils le sont. Chacun interrogatif, perplexe quand à son devenir… Se faufilant à travers les baraquements vétustes et sordides, nul ne peut s'empêcher de les assimiler à ceux des camps de prisonniers de guerre que leurs pères, captifs Outre-Rhin, leur ont maintes fois d'écrits. Dans le bâtiment faisant office «d'hôtel-restaurant», règne une animation indescriptible. Sur l'un des murs de la vaste salle, une grande affiche attire leur attention. «Algérie terre de lumière». A l'arrière, un soleil, jouxtant une mosquée, semble prêt à accueillir sur cette terre tous ces touristes improvisés. Publicité alléchante vantant les mille charmes de l'Afrique du Nord. La «Grande Muette» serait-elle une agence de voyages du Club Méditerranée ?. Algérie, à la fois si proche et si lointaine. Leurs valises pour appui-tête, allongés sur un pucier, ils goûtent un sommeil peuplé de rêves chimériques. Traverser «La grande bleue» après avoir pour la première fois de leur vie, pris le train tracté par une loco à vapeur… Découvrir une autre civilisation. Sans nulle autre richesse que leur jeunesse et des lendemains pleins de promesses, au terme d'une nuit en mer agitée, du rêve à la réalité. Sur cette terre qui n'est pas la leur, c'est la guerre ! Une guerre particulièrement cruelle et sournoise, car elle cache son nom ! Des créatures humaines détruisent d'autres créatures humaines. Sur cette terre inondée de soleil, au fusil on éteint la lumière. Condamnés à affronter leur vie d'adulte en anciens combattants, un retour marqué par un sentiment de laissé pour compte dans un monde indifférent. Une réinsertion difficile à la vie civile. Certains sont restés prisonniers de leur mauvais destin.

 Mal de vivre, mal venu mal entendu, malheureux, mal aimé, nul ne guérit de son enfance. Il ne retrouve pas ses 20 ans. Son Algérie ne sera jamais terminée, il aura toujours mal à sa mémoire.Toujours devant lui, l'image du copain blessé,appelant sa mère et criant dans son délire qu'il est trop jeune encore, qu'il ne veut pas mourir. Durant dix années de guerre, chaque jour, la mort pour dix des nôtres. 30 000 ne reverront pas le château d'if, Notre-Dame de la Garde, ne goûteront plus au bonheur de fouler le sol de leur pays natal. Des cercueils discrètement alignés sur un quai au fond du port de la joliette à Marseille… Un cheminement clandestin à bord d'un GMC soigneusement bâché vers la commune de leurs proches. De bien banales obsèques. Une famille éplorée, accompagnée du maire du village et du curé de la paroisse. Pas d'hommage officiel dans la Cour d'Honneur des Invalides et de décoration à titre posthume. Une mention «Mort pour la France», trop souvent absente. Surtout pas de couverture médiatique. La discrétion la plus absolue sur la réalité de cette guerre qu'il fallait cacher à l'opinion publique. Qui y a-t-il de plus merveilleux pour une maman, que l'enfant au doux sourire à qui elle a donné le jour. Qui y a-t-il de plus effroyable que la nuit qui l'entoure, quand il lui est ravi pour toujours à l'aube de sa vie. On refuse de revoir mort celui qui, dans ses yeux, avait tant de bavardages et d'amitié, dans le cœur, rien qu'un «Je veux vivre». La douleur reste de la douleur. En Hommage à nos frères d'armes disparus, partis avant d'avoir tout dit, partis en emportant avec eux un éclat de notre cœur. A leurs familles cruellement éprouvées, je vous invite à observer quelques instants de recueillement, tout en méditant cette pensée d'André Malraux. «J'ai appris qu'une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie».
Texte de Serge Drouot au 33e Congrès National

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9 juillet 2019 2 09 /07 /juillet /2019 14:29
Vues du pont de Tancarville sur la Seine
Vues du pont de Tancarville sur la Seine
Vues du pont de Tancarville sur la Seine
Vues du pont de Tancarville sur la Seine
Vues du pont de Tancarville sur la Seine

Vues du pont de Tancarville sur la Seine

Depuis soixante ans, Tancarville a été rejoint sur la Seine par les ponts de Brotonne, en 1977, et de Normandie en 1995. Mais l'ouvrage cauchois garde une place à part dans l'histoire du fleuve et même du pays. Voilà pourquoi…
«Avant le pont de Tancarville, la Seine faisait barrage entre la rive droite et la rive gauche», résume l'historien local Patrick Lebourgeois. Il a participé à la parution en 2008 d'un ouvrage collectif sur l'histoire du village de Tancarville. Un livre où le pont, comme le château d'ailleurs, tient une grande place. Et pour cause, il a fait connaître le toponyme du village cauchois en France, en Europe et dans le monde. La commune normande prête même son nom à une marque d'étendoir d'intérieur pour sécher le linge. La mise en service du pont, il y a soixante ans. L'ouvrage a été mis en service le 2 juillet 1959. Cette ouverture a fait la une du Courrier Cauchois du samedi 4 juillet 1959. Les derniers tests avaient eu lieu le mercredi précédant. 85 camions de 20 à 25 tonnes chacun avaient éprouvé la solidité de l'édifice. Cet ultime essai venait conclure un vaste chantier lancé, ou plutôt relancé, le 15 novembre 1955. Car les premiers terrassements étaient déjà réalisés en 1941. Le pont et ses voies d'accès avaient été déclarés d'utilité publique par le régime du maréchal Pétain le 11 décembre 1940. L'occupation allemande et les suites de la seconde Guerre mondiale ont stoppé ce projet sollicité par la chambre de commerce et d'industrie du Havre dès 1931. Cette dernière en a obtenu la concession le 17 mai 1951. Le site de Tancarville, qui avait été choisi en 1939 a été conservé. Il répondait aux exigences du port de Rouen qui ne voulait pas de piles dans la Seine afin de ne pas gêner le trafic des bateaux. C'est ainsi que la technique du pont suspendu a été retenue. «En pays de Caux et au Havre, les anciens l'appelaient le pont-route. Personne ne parlait de pont de Tancarville», explique Patrick Lebourgeois. Avant 1932, il n'y avait qu'un passage de Seine dans le secteur, le bac de Quillebeuf. Le bac du Hode est venu soulager un peu le trafic. «Les gens du Havre et de la rive droite aimaient bien aller manger  une portion de crevettes à Honfleur et profiter du sable de la plage de Deauville. Le pont de Tancarville leur a grandement facilité la tâche». Pour les Tancarvillais aussi le pont représente une révolution. «Des gens sont venus de l'extérieur travailler sur le chantier et ont épousé des filles du village ou de la Cerlangue». Des jeunes de la commune, aussi, ont participé aux travaux. L'ouvrage, avant sa mise en service le 2 juillet, attirait déjà les touristes «Les gens venaient de partout pour le voir. Ils y avait des voyages organisés. C'était la balade du dimanche, on prenait la collation sur le chemin, dans les restaurants ou les cafés de la commune. Les mariés venaient se faire photographier près de lui». Le pont de tancarville a été longtemps une destination prisée. Youri Gagarine, premier homme envoyé dans l'espace, est venu le fouler. Le Tour de France n'a pas manqué de l'emprunter. La flamme olympique y a brillé. Avec sa travée d'une portée de 608 mètres et ses pylônes de 125 mètres, le pont impressionne encore. De l'eau a coulé, depuis soixante ans, sous son tablier, les records d'hier ont été battus par des constructions plus récentes. Mais Tancarville garde une place particulière dans le cœur des Français. De celle qu'on accorde aux pionniers.

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7 juillet 2019 7 07 /07 /juillet /2019 13:32
Ils auraient pu cramer le village

Fultot : Feu de la Saint Jean. Entre colère et consternation. L'inconscience de personnes aurait pu avoir de tristes conséquences. Dimanche dernier, les membres de l'association Actif pour l'Eglise de Fultot avaient préparé le Feu de la Saint Jean, qui devait conclure une journée de festivités. Toutefois, en raison d'un risque élevé de propagation du feu, celui-ci a purement et simplement été interdit par les sapeurs-pompiers malgré certaines précautions prises. « Nous avons dû l'annuler, malgré le public présent lors de la clôture. Nous avons passé un moment agréable autour d'un repas et les personnes présentes ont compris le message », soulignent les membres de l'association fultotaise qui avaient promis de trouver une nouvelle date.
Après leur départ aux alentours de 23 heures, il semblerait qu'un ou plusieurs individus malveillantes ont mis le feu aux palettes et aux branchages qui avaient été mis en place. Résultat le feu a brûlé, « mais s'il n'y avait que ça, ça serait moindre mal. Non, il faut savoir que l'association risque une grosse amende et l'inconscience des personnes aurait pu mal tourner. Le feu aurait pu se propager aux maisons alentour et avoir des conséquences plus que catastrophiques ». Aussi, l'association a décidé de porter plainte.

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